Monaco donne le la avec la première vente horlogère de l’année !

 Pour L'oeil de l'expert

Comme chaque année, c’est la maison Artcurial qui inaugurera les enchères de la nouvelle année. Avec sa très attendue vente « Horlogerie de Collection » le 15 janvier 2024, suivie le 16 janvier d’une vente ultra-glamour dédiée aux garde-temps féminins « Le Temps est féminin », la première maison de ventes française a su rassembler une sélection particulièrement pointue.

Parmi les 160 pièces qui seront mises en vente, certaines sont particulièrement exceptionnelles, tant par leur histoire que par leur rareté.

Focus sur 5 montres qui sont de véritables redécouvertes…

Van Cleef & Arpels Montre fleur

#1. VAN CLEEF & ARPELS

« Montre Fleur », vers 1938
Montre à secret en or jaune et saphirs, montée en broche et transformable en montre bracelet

Dans les années 1920, les montres à secret font leur apparition dans les collections de Van Cleef & Arpels. Ces bijoux mécaniques, qui dévoilent l’heure avec élégance, vont devenir l’une des grandes spécialités de la maison.

Réinterprétant ce que la nature à de plus beau à offrir, Van Cleef & Arpels développe une ligne de montres-fleurs à partir des années 1930. À l’intérieur d’un élément végétal en or, subtilement serti de pierres précieuses, le joaillier dissimule un mécanisme horloger miniature. Complexes et techniques, ces garde-temps extrêmement glamours et sophistiqués, suscitent la surprise et l’émerveillement. Cette volonté de surprendre sa clientèle, le joaillier va en faire un axe de création majeur et développer des pièces transformables. C’est en imaginant des créations hybrides, comme ce bracelet-fleur qui se métamorphose en une ravissante broche, que Van Cleef & Arpels s’affirme comme l’une des signatures les plus créatives des années 1940.

Absolument magique, cette fabuleuse pièce de collection fut dessinée en 1938. Cette montre est une véritable redécouverte et est répertoriée dans les archives Van Cleef & Arpels, car la marque possède au sein de son département Patrimoine le gouaché d’origine (n° 50308). Ce fond unique rassemble plusieurs dessins préparatoires, archives et registres de commandes. Si le nom de son premier propriétaire n’a pas été révélé, il est probable que cette montre fut livrée à une grande famille française, car il s’agit d’une pièce particulièrement élaborée et il faut noter qu’à cette époque les bijoux et montres en or se font plus rares puisqu’à partir de 1939, l’effort de guerre va interdire l’exportation de l’or. Si quelques très rares exemplaires sont répertoriés, aucun modèle similaire n’est réapparu en salle des ventes ces dernières années. Le boîtier porte le poisson de l’atelier Encausse & Krasker. Installée au 32 rue Coquillière, dans le 1ᵉʳ arrondissement de Paris, la société Encausse & Krasker fut fondée en 1910 par Etienne Encausse et Albert Krasker. Très actifs jusqu’à la fin des années 1930, ils travaillent essentiellement pour les grands joailliers de la place Vendôme comme Van Cleef & Arpels, Boucheron ou encore René Boivin, à qui ils livrent des mouvements horlogers, ainsi que des boîtiers de montres estampillés du poinçon « E&K » . Ainsi, à la prestigieuse signature de Van Cleef & Arpels, s’ajoute la marque d’un atelier de renom. Il faut noter que depuis quelques années, ces ateliers de sous-traitance bénéficient d’une importante revalorisation. Si autrefois les poinçons de maîtres étaient peu regardés, aujourd’hui — lorsqu’ils sont lisibles — ils peuvent augmenter considérablement la valeur d’une montre ou d’un bijou. Cette insolite « montre-fleur » sera présentée en vente avec une estimation de 35 000 / 45 000 €. Pour tous les amateurs de pièces atypiques, cette montre-fleur représente une occasion unique de s’offrir une pièce de collection exceptionnelle.

#2 PATEK PHILIPPE

Grande complication « Artemas Roscoe Roberts », vers 1907
Montre en or jaune avec grande complication, chronographe à rattrapante, quantième perpétuel avec phases de la lune, répétition des minutes

Cette pièce de collection compte parmi les plus merveilleuses montres à  » Grande Complication  » produites par Patek Philippe entre 1895 et 1970. Ces montres, d’une grande prouesse horlogère, associent le plus souvent des complications particulièrement sophistiquées : quantième perpétuel et phases de la Lune, chronographe avec rattrapante et répétition des minutes. Notre exemplaire est à rapprocher de la production livrée au marché américain au début du 20ᵉ siècle. Dès 1890, la manufacture genevoise acquiert une clientèle importante outre-Atlantique, notamment grâce à son partenariat avec le prestigieux revendeur Tiffany & Co. Le premier propriétaire de cette montre fut l’architecte américain Artemas Roberts (1841 – 1944), dont le nom est gravé sur la cuvette en or. Né en 1841 dans l’Indiana, Artemas Roberts s’installe à Lincoln, au cœur du Nebraska, ou il ouvre son cabinet d’architecture. En 1887, il s’associe avec l’architecte Alfred W. Woods et fonde  » Roberts & Woods Architects « . De cette collaboration vont naître de nombreuses réalisations architecturales, dont Fairview House, leur réalisation la plus célèbre puisqu’elle fut imaginée pour l’un des hommes politiques les plus influents de son époque : William Jennings Bryan, le candidat démocrate aux élections présidentielles de 1896, 1900 et 1908. Les nombreuses constructions d’Artemas Roberts dans la ville de Lincoln, et plus largement dans le Nebraska, l’ont rendu extrêmement populaire et c’est une personnalité reconnue dans son état d’origine. Ainsi, le 27 octobre 1941, le Evening State Journal de Lincoln lui consacrait un article à l’aube de son 100ᵉ anniversaire. Artemas Roberts s’est éteint en 1943 à l’âge de 102 ans en Floride.

Sa montre, dans un bel état de préservation, est accompagnée de son écrin d’époque ainsi que de son certificat d’origine. Il est extrêmement rare que des montres d’une si grande qualité soient toujours accompagnés de l’ensemble de leur accessoire et document d’époque. Au début de 20ᵉ siècle, Patek Philippe compte une importante clientèle américaine, si les noms de James Ward Packard et de Henry Graves Jr. restent les plus célèbres, d’autres grands amateurs ont également porté la marque outre-Atlantique. Artemus Roberts, dont l’histoire personnelle est intiment liée à celle des États-Unis, est l’un d’entre eux, et sa montre est une pièce de qualité muséale comparable à celles exposées aujourd’hui au Patek Philippe Museum de Genève.

Estimée entre 120 000 / 180 000€, cette montre est à rapprocher de la grande complication vendue par Christie’s le 11 juin 2013 (lot 71, Important Watches New-York) et ayant appartenu à l’homme d’affaires américain Stephan S. Palmer. Vendue en 1900 par Patek Philippe au milliardaire, cette montre était accompagnée de son certificat d’origine et de son écrin d’époque en bois. Équipée des mêmes complications que la superbe montre qui sera présentée par Artcurial, la montre de Stephan S. Palmer avait enregistré à l’époque un résultat de 2 251 750 $.

Patek Philippe

#3. PATEK PHILIPPE

Chronographe à calendrier perpétuel ref. 5004R-014, vers 2008

Parce que Patek Philippe reste la marque la plus appréciée des collectionneurs et que les montres à complication bénéficient d’un regain d’intérêt depuis plusieurs mois, cette pièce est à regarder absolument sur cette vente.

Lancée en 1994 et produite jusqu’en 2012, la référence 5004 est le premier chronographe à calendrier perpétuel avec phases de lune et fonction rattrapante produit par Patek Philippe. Pour tout grand connaisseur, la fonction rattrapante est l’une des plus belles complications horlogères. Particulièrement délicate à développer sur un calendrier perpétuel, il faudra plusieurs années de recherche à Patek Philippe avant de pouvoir concrétiser cette prouesse technique. Ainsi, après avoir commercialisé son premier chronographe à quantième perpétuel en 1941, c’est seulement 50 ans plus tard que la marque parvient à l’enrichir d’une fonction rattrapante et ainsi en faire une grande complication.

L’esthétique de la montre s’inspire de la référence 3970, elle-même inspirée de l’iconique réf. 2499. Son boîtier, remarquablement petit, mesure exactement 36,5 mm. En logeant des complications aussi sophistiquées dans une si petite cavité, Patek Philippe signe l’une de ses plus belles prouesses techniques.

Considérée comme l’une des montres les plus emblématiques de la marque, la réf. 5004 fut excessivement complexe à produire, et l’on estime la production totale à environ 200 montres, tous métaux précieux confondus. L’exemplaire qui sera présenté le 15 janvier prochain (lot 86) est en or rose, indiscutablement la version la plus élégante. Estimé entre 100 000 et 150 000€, ce garde-temps d’exception pourrait déclencher une belle bataille d’enchères, comme la référence similaire qui avait été vendue plus de 300 000€ il y a un an par Artcurial (lot 280, Horlogerie de Collection, 16 janvier 2023).

#4. ROLEX, Pièce Historique

Day Date « The Eastern Arabic », ref. 6613B, vers 1958
Montre bracelet en platine et diamants avec calendrier perse arabe oriental. 

Day Date "The Eastern Arabic"
Le Roi Saoud ben Abdelaziz Al Saoud

Si Patek Philippe occupe la première place sur le marché des montres de collection, Rolex la talonne toujours de près. En ce début d’année, c’est une pièce historique signée Rolex qui fera son apparition pour la première fois sur le marché : une extraordinaire ref. 6613B/6613.

Introduite en 1957, la référence 6613 est l’une des plus rares montres produites par Rolex. Commercialisée exclusivement en platine, seuls quelques rares exemplaires ont été livrés sur le marché. Notre exemplaire, équipé d’un calendrier perse arabe oriental, est à première vue similaire à la montre illustrée dans le livre de John Goldberger  » 100 Superlative Rolex Watches « , (Édition Damiani Libri, 2008, p. 163). Or, la montre présentée à la vente porte la référence 6613B, une déclinaison beaucoup plus rare.

D’après nos recherches, au moins deux références équivalentes ont été présentées aux enchères. Offerte au Premier ministre libanais, Rachid Karamé, par le roi d’Arabie Saoudite Saoud ben Abdelaziz Al Saoud, cette pièce de collection sans égal est présentée pour la première fois en vente publique. Montée sur un bracelet en platine avec boucle déployante dite « Big logo », cette montre est une pièce atypique dans la production Rolex. Consigné auprès des héritiers de M. Rachid Karamé, ce garde-temps fut conservé intact depuis le décès du Premier Ministre le 1ᵉʳ juin 1987. Parce qu’il est resté un homme politique incontournable dans l’histoire du Moyen-Orient, sa montre est une pièce de collection historique, dont les amateurs apprécieront l’état de préservation exceptionnel.

Le Roi Saoud ben Abdelaziz Al Saoud est le fils du fondateur de la dynastie Saoudienne. Il fut roi d’Arabie Saoudite de 1953 à 1964. Après avoir été destitué de ces fonctions, il se réfugia en Europe et notamment à Genève et sur la côte d’Azur où il séjourna plusieurs années. Il s’éteint en Grèce à l’âge de 67 ans.

Audemars Piguet

#5. AUDEMARS PIGUET

« Lépine Squelette », ref. 5656BC, vers 1975
Montre squelette en platine et diamants

Marque incontournable qui se prépare à prendre un virage inédit suite au départ de son PDG François-Henri Bennahmias, Audemars Piguet est l’une des marques les plus appréciées par les collectionneurs et amateurs après Patek Philippe et Rolex.

Si cette montre est particulièrement intéressante, c’est parce qu’elle fut manufacturée en 1975, période où l’horlogerie suisse connaît une crise inédite suite à l’invention de la première montre à quartz par les japonais en 1969. Face à cette révolution du quartz, les manufactures historiques ripostent en réaffirmant leur savoir-faire « Swiss made ». Si Patek Philippe va signer un retour aux complications, Audemars Piguet va réaliser durant cette période plusieurs pièces squelette. En révélant l’architecture du mouvement, la marque célèbre l’horlogerie traditionnelle.

Parce qu’elle illustre à merveille cette période de renouveau dans l’histoire d’Audemars Piguet, cette montre fut choisie par François Chaille, l’auteur du livre « Audemars Piguet, le maître de l’horlogerie depuis 1875 » (Édition Flammarion, Paris, 2011) où elle est reproduite en page 92.

Si ce modèle est donc déjà connu des amateurs de la marque grâce à cet ouvrage de référence, la pièce proposée sera présentée pour la première fois sur le marché (lot 131, Le Temps est Féminin, 16 janvier 2024).

Conservée par le propriétaire d’origine depuis son acquisition auprès du joaillier Leysen Frères à Bruxelles, cette montre de smoking est une pièce d’une élégance rare. Accompagnée du catalogue d’époque, dans lequel elle y est reproduite en deuxième page, son unique propriétaire y avait conservé un message du revendeur agrée Audemars Piguet. L’invitant à remarquer  » la fameuse montre  » squelette  » dont chaque pièce du mouvement est en or finement ciselé ». Le prospectus d’époque soulignait déjà qu’il s’agit « d’une œuvre d’art exceptionnelle qui fera la fierté de quelques rares privilégiés. « . Disponible pour le prix de 400 000 francs belge à l’époque, la référence 5656BC fut manufacturée à seulement quelques exemplaires.

Dans un état de conservation étonnant, cette pièce de collection révèle toute la beauté du savoir-faire horloger inimitable du Brassus.

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