CES MONTRES QUI PRENNENT LEUR REVANCHE SUR LE MARCHÉ

 Pour L'oeil de l'expert

En 5 ans, leur côte a littéralement explosé. Il y a quelques années, elles attiraient le regard de certains connaisseurs particulièrement éduqués ou visionnaires. Aujourd’hui, ces montres sont en train devenirs des best-sellers que les amateurs de vintage ou les collectionneurs les plus pointues veulent absolument posséder.

Pourtant durant de longues années elles furent mal-aimées et sous-cotées ! Redécouverte depuis peu par une nouvelle génération de collectionneurs, ces montres enregistrent aujourd’hui des prix surprenant en ventes aux enchères.

Retour sur 5 modèles qui ont de l’avenir.

IWC

IWC INGÉNIEUR JUMBO SL
L’ultime montre de la trilogie Genta

L’ingénieur est une montre culte dans les collections d’IWC. Née en 1955, ce modèle fut imaginé par l’horloger Albert Pellaton, qui devient directeur technique d’IWC en 1944. Avec son mouvement antimagnétique, qui donna à la marque un avantage concurrentiel sans précédent, c’est une montre résolument moderne destinée aux chercheurs, scientifiques et explorateurs. Pourtant, si à son lacement sa technicité séduit, son style très classique en fait une montre « difficile à vendre » dès le début des années 1970 ! Ainsi au milieu des années 1970, en pleine crise du quartz, IWC cède à la tendance et revisite totalement ce garde-temps. Le mouvement mécanique est remplacé par un mécanisme à quartz et le designer Gerald Genta est choisi pour repenser le design. Si l’ingénieur 3ème génération se démarque radicalement des modèles antérieurs avec sa lunette à vis apparente et son allure sportive, ce modèle connu sous la référence 1832 SL est aujourd’hui considéré par les collectionneurs comme l’ultime montre de la « Trilogie Genta » avec la Royal Oak et la Nautilus.

IWC

Bénéficiant d’une attention croissante de la part des collectionneurs depuis quelques années, l’Ingénieur a été popularisée grâce au succès des deux best-sellers crées pour Audemars Piguet et Patek Philippe. Ce modèle, qui aurait été produit à 1.000 exemplaires uniquement, ou peut-être moins, fut vendu en boutique à partir de 1977.

En 2008, la maison de vente Christie’s annonçait déjà cette référence comme un collector en devenir dans ses catalogues et adjugeait une référence près de 16.000€ (vente du 16 novembre 2022, lot 52), un record à l’époque pour une montre à quartz !

Pourtant durant les années 2010 le modèle connait une traversée du désert. Parmi les  très rares pièces qui sont apparus sur le marché et présentées en ventes aux enchères,  certains restent invendus, malgré des estimations « attractives » souvent situées aux alentours 8.000 / 12.000€. Depuis 2019, la tendance s’inverse et les prix repartent  clairement à la hausse. Cette année le record de prix a été enregistré par Artcurial :  39.360€ (vente du 18 juillet 2022, lot 149). 

Vacheron Constantin
Vacheron Constantin

VACHERON CONSTANTIN « 222 »
L’esprit Seventie’s by Jorg Hysek
Avec son boîtier monobloc, sa lunette cannelée et son bracelet intégré, la 222 est une véritable icône des années 1970. Lancée en 1977 par Vacheron Constantin pour célébrer les 222 ans de la manufacture, cette montre au design audacieux a été produite uniquement durant 7 ans et seulement en nombre très limité : « seulement 427 dans le monde entier » précise la publicité d’époque (cf. Illustration). Aujourd’hui on ne connait pas avec précision la répartition entre or, acier et or/acier, mais il semble que les modèles en or aient été produits en plus grand nombre et que la version acier et or/acier auraient été produite en série de moins de 100 exemplaires chacune.

Dessinée par le jeune designer anticonformiste Jorg Hysek, âgé de 24 ans à l’époque, la 222 s’inscrit dans la tendance des « sportives de luxe » emblématique des années 1970. Pourtant avec son boîtier « Jumbo » de 37 mm et son mouvement automatique extra plat, la 222 restera une montre peu aimée du grand public jusqu’a cette année. En 2022, Vacheron Constantin réactualise ce modèle en lançant une réédition en or jaune conforme au modèle d’origine. Depuis la côte des pièces vintage s’envole.

Dernier record en date : 163.800€, c’est le prix obtenu pour un modèle en or jaune vendu le 8 mai 2022 par Phillips (lot 138). Un résultat hallucinant lorsqu’on se souvient qu’il y a peine dix ans, la version gold valorisait à peine 5.000€ ! Lors d’une vente aux enchères organisée le 22 mai 2013 à London, Christie’s enregistre un résultat à 4.700€ en partant d’une estimation de 2.000/3.000€… Chose totalement inconcevable aujourd’hui !

Vacheron Constantin
Vacheron Constantin
Vacheron Constantin

Enfin la version en acier dite « tow-tone » est elle aussi de plus en plus convoitée même si elle valorise beaucoup moins que la version or ou acier. Les résultats varient désormais entre 80.000€ (Christie’s lot 286, 17 mai 2022) et 100.000€ (Phillips lot 279, 8 mai 2022), alors qu’en 2016 il était encore possible de faire l’acquisition de cette icône horlogère pour à peine 15.000€ (Christie’s, lot 34, 14 novembre 2016).

Vacheron Constantin
Vacheron Constantin
Cartier

CARTIER « CLOCHE »
L’élégance rare d’un collector en devenir 

C’est une forme particulièrement originale née dans les années 1920 : la Cloche. Un  design asymétrique imaginé à l’origine pour une montre-broche et qui prendra la forme  d’une montre-bracelet en 1921. 

Connue également sous le nom de Pagode, cette montre à la forme inédite, ressemblant  à une cloche de service pour comptoir avec son coté incurvé, compte parmi les créations  les plus originales qu’ait produit Cartier avec la Crash ou la Tank asymétrique. 

Si peu d’information sont disponibles concernant le nombre d’exemplaires produits à  l’époque, c’est un modèle qui fut produit en quantité limitée et malheureusement peu  d’exemplaires originaux sont répertoriés. 

Cartier

La particularité de cette montre est qu’elle échappe à la règle fondamentale du « tout ce  qui est rare est cher ». Un principe essentiel sur le marché de la collection encore faut-il  que le modèle soit connu. Et c’est bien le drame de ce modèle qui étrangement est  encore très peu et très mal connu du grand public. La Cloche refait une apparition timide  dans les collections Cartier en 1984 avec une version quartz et revient en 1996 en version  mécanique et série spéciale limitée à 200 exemplaires. La réalisation de ce modèle dans  les collections coïncide avec la vente aux enchères légendaire « The Magical Art of  Cartier » organisée par la maison de vente Antiquorum à Genève en 1996.  

Pour cette vente inédite, un exemplaire unique en platine avec chiffres romain sera  produit spécialement par Cartier. Vendu pour la première fois aux enchères 35.000€ en  1996, cette pièce fut représentée par la maison Phillips le 7 novembre 2022 (lot 182)  et vendue 107.000€.

Parmi les rares éditions de cette montre, une série spéciale en or jaune éditée pour  célébrer le 150ème anniversaire de la marque. Alors qu’en 2013 ce modèle valorisait à  peine 5.000€ (d’après le résultat enregistré par Artcurial le 18 décembre 2013, lot 472), sa  côte atteignait déjà plus de 8.000€ en 2019 comme en atteste l’exemplaire ayant  appartenu à Franco Cologni, auteur de nombreux ouvrage sur l’histoire de l’Horlogerie et  collectionneur passionné, vendu par Sotheby’s (lot 13, vente du 6 novembre 2019).

Une montre qui compte désormais parmi les « collectible » les plus en vue du marché !

GRAND SEIKO 

La signature nippone par excellence

Si l’histoire de Seiko débute en 1881 à Tokyo au cœur d’un modeste atelier, c’est en 1960  que la marque se positionne sur le marché de l’horlogerie haut de gamme en créant  Grand Seiko, une collection Premium. En 1967, Grand Seiko lance la GS44, une montre  aujourd’hui culte car elle incarne l’ADN de la marque : précision, robustesse et esthétique  pure. Pour un modèle d’époque full set , avec papiers d’origine et écrin, les prix peuvent  monter jusqu’à 60.000€ comme en atteste le résultat obtenu le 7 novembre 2021 (lot 199)  par Phillips. 

Grand Seiko
Grand Seiko
Grand Seiko
Grand Seiko

Particulièrement recherché par les amateurs de la marque, les montres « VFA » acronyme  de Very Fine Adjusted, une certification chronométrique développée par la firme en 1969  grâce au soutien de l’Observatoire de Neuchâtel et de Genève.  Avec une précision de +/-  1 minutes par mois, Grand Seiko s’introduit dans l’univers de la haute-précision.  

Les modèles vintage « VFA » retiennent aujourd’hui l’intérêt des collectionneurs car  considérés comme marquant un tournant décisif dans l’horlogerie contemporaine  japonaise. Les prix varient en fonction des références, et s’il est aujourd’hui possible de  faire l’acquisition d’une belle pièce vintage aux alentours de 10.000€. Parmi les résultats  les plus marquants, on note 12.500€ pour une version VFA Day Date avec écriture  japonaise (Christie’s, lot 193, vente 10 mai 2021) ou 10.000€ pour un modèle en acier de  1972 (Christie’s, lot 2157, vente 23 avril 2021). 

Toutefois, certains modèles plus rares, peuvent valoriser plus : 44.000€ c’est le prix atteint  pour un prototype des années 1970 vendu en 2021 (lot 194, Christie’s, vendu du 10 mai  2021) 

Grand Seiko devrait d’ailleurs susciter intérêt grandissant puisque cette année et pour la  première fois, une vente aux enchères organisée à New-York les 10 et 11 décembre  prochain par la maison Phillips sera dédiée à la marque. 

Un évènement qui marquera l’entrée officielle de l’horloger japonais dans le cercle très  fermées des « montres de Collection ». 

Rolex
Rolex

ROLEX YACH-MASTER
La plongeuse luxe de Rolex  

Sortie en 1992, le modèle Yach-Master se voulait être une version luxe de la Submariner :  une montre de plongée aux lignes élégantes et chic dédiée aux amateurs de voile et  conçue dans un esprit très « Yachting ». Avec sa lunette graduée en relief, cette montre a  l’allure extrêmement sportive et moderne avait a priori tout pour plaire sauf qu’à son  lancement elle fit un flop total. Mal-aimée pendant longtemps la Yach-Master est devenue  depuis peu « la plongeuse pas comme les autres » qu’une nouvelle génération de  collectionneurs s’arrache.

Parmi les références les plus en vue aujourd’hui la version Rolesium ref.16622 est  certainement l’une des plus recherchées. Dite aussi « Platinum Yacht-Master », cette  montre en acier avec lunette et cadran en platine fut lancée en 1997 et produite jusqu’en  2012. Si en 2016 il était possible de faire l’acquisition d’un modèle full set pour moins de  6.000€ (cf. vente Artcurial du 18 juillet 2016 lot 16 vendu 5.850€), il faut aujourd’hui  compter près de 10.000€ pour cette référence mythique, soit une valorisation de plus de  60% en 5 ans (Sotheby’s, lot 1010 vendu 9.450€ le 4 mars 2022). Un regain d’intérêt pour  le modèle expliqué par le fait que la Yacht-Master soit le seul modèle de Rolex produit en  Rolesium (acier/platine), la première série est donc devenue un collector. https://www.sothebys.com/en/buy/auction/2022/fine-watches-7/yacht-master-ref-16622- montre-bracelet-en-acier 

Un prix qui reste relativement attractif pour un modèle qui devient de plus en plus  recherché. Aujourd’hui les versions modernes Everose -en or rose avec  bracelet Oysterflex en caoutchouc toujours au catalogue et affichée au prix de 26.000€-  ou Grey dite « Khanjar » -version actualisée de la ref. 16622- sont déjà très recherchées.  

L’avenir nous dira si cette plongeuse de luxe deviendra un véritable collector, en attendant sa côte de popularité n’en finit pas de grimper comme en témoigne le résultat de 126.000€ obtenu par Sotheby’s (lot 24, vente 10 mai 2022) pour une version très rare sertie de 32 saphirs de couleurs, car produite uniquement durant 2 ans !

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