Les prochaines enchères horlogères sous pavillon Monégasque
Enchères de montres de collection à Monaco
Après des enchères résolument tournées vers un glorieux passé américain, nous voici maintenant devant la prochaine série d’enchères horlogères sur le Rocher Monégasque. Monte-Carlo pour les uns, Monaco pour les autres, cette destination magique pour les enchères depuis le début des années 80, lorsque les maisons de ventes anglo-saxonne Sotheby’s et Christie’s ne pouvaient encore vendre en France, à cause du monopole des commissaires-priseurs, a su se construire une renommée internationale depuis plus de trente ans avec des acteurs clés. Certains commissaires-priseurs célèbres s’y sont illustrés tels que Jacques Tajan, dont la tradition se perpétue aujourd’hui avec son fils, François Tajan, désormais Président délégué d’Artcurial qui tiendra le marteau pour la vente « Horlogerie de Collection » le 17 juillet prochain, suivi à quelques jours près par les maisons de ventes Boulle, HVMC et Antiquorum associé pour la circonstance à un acteur local Monaco Legend Group.
En effet, cette année il sera intéressant d’observer les résultats de ventes dans la spécialité qui regroupe pour la première plus de 1 000 pièces diverses et variées pour un montant global d’environ 10 millions d’euros. Si les chiffres ne sont pas ceux de Genève, qui reste la place forte des enchères horlogères toutes catégories confondues, il est intéressant de noter que la Principauté de Monaco s’installe d’ores et déjà comme un rendez-vous incontournable des collectionneurs chaque été depuis quelques années. Il est un fait que les montres sont devenues l’une des spécialités phares aux côtés des bijoux et aussi de l’automobile de collection, qui attise de plus en plus les convoitises depuis la dernière vente d’Artcurial Motorcars au Grimaldi Forum sous le marteau du commissaire-priseur Hervé Poulain.
Artcurial
Parmi les ventes phares de cette saison des enchères estivales, Artcurial affiche une sélection de montres couvrant plus de trois siècles d’histoire, des montres anciennes aux montres bracelet vintage et contemporaine. Deux collections particulières sont illustrées au centre du catalogue. La première sous le nom de cet ancien antiquaire belge, Georges Baptiste passionné de montres anciennes, lots 63 à 84, a su attirer l’œil de l’expert en couvrant plusieurs époques et différents styles qui forment un ensemble homogène. En ce qui concerne un registre plus contemporain ou vintage, concentré essentiellement sur les montres bracelets, la Collection Arman nous ouvre les portes sur un univers intime de l’artiste qui a su le premier, comme Andy Warhol à son époque, être un précurseur parmi les collectionneurs de vintage, lots 131 à 150. Un bel ensemble qui inaugure bien cette semaine des enchères horlogères sur le Rocher Monégasque.
Si ces deux collections sont le cœur de ce prochain catalogue « Horlogerie de Collection », le reste de la vente s’axe autour du contemporain et du vintage ce qui illustre parfaitement les tendances du marché actuel, avec en particulier un accent prononcé vers les Rolex vintage, comme la Daytona dans sa fameuse version en acier cadran « Panda », lot 270, estimée 200 000 / 300 000 euros ou encore la très recherchée « August Maier Stelline » qui clôture la session de cette première vente du soir, modèle emblématique de la marque pour les modèles avec calendrier et phase de la lune, prix de départ 150 000 euros, ce qui laisse présager une vive bataille d’enchères au vue des résultats de sa cousine issue de la même lignée mais nettement plus rare, voir unique avec son cadran noir et index diamants, la fameuse « Bao Dai Stelline », nouveau record du monde Rolex en mai dernier chez Phillips, en attendant le prochain, affaire à suivre.
Antiquorum
De l’autre côté du spectre des enchères horlogères à Monaco cet été, nous retrouvons le spécialiste des montres depuis 1974, Antiquorum qui vient pour la première fois cet été à Monaco, hormis sa participation exceptionnelle à la vente caritative Only Watch 2013, avec une vente large éventail de pièces contemporaines à grande complication, comme cette Patek Philippe référence 5208 qui en est l’illustration parfaite, lot 239. Son estimation minimum est de 850 000 euros au minimum. Elle aurait été achetée par un oligarque pour être ensuite offerte en cadeau au Président Russe, Vladimir Poutine, or pour les plus avertis d’entre nous la démonstration de l’appartenance au Président Russe comme mentionnée sur le certificat reste en suspens au regard des commentaires de la notice qui se termine par ses mots « The end of the story is just guessing … ».
La vente Antiquorum en collaboration avec Monaco Legend Group aura lieu sur deux jours les 19 et 20 juillet avec 340 lots pour une estimation globale aux alentours de cinq millions d’euros, pour la plupart constitué de montres bracelets vintage. Si cette vente est axée principalement sur le montres Rolex avec près d’un tiers de la vente en nombre et la moitié du chiffre d’affaires en nombre, l’œil de l’expert a repérer cette pièce rare et atypique dans la production de la référence 6239 en or 18k cadran « Paul Newman », lot 256, qui porte à l’intérieur du boîtier les poinçons de garantie anglais ainsi que le serial reprenant les numéros entre les anses à 6h. Une version atypique pour les afficionados de Rolex fortunés, l’estimation est entre 150 000 et 200 000 euros.
Dans la continuité des ventes de montres à Monte Carlo, il faut également retenir HVMC et Boule Auction qui ont su réunir des ventes de bonne qualité avec des montres et aussi des pendules de très belles qualités, comme en témoigne les pendulettes Cartier chez l’une et l’autre des maisons de ventes. En reprenant l’ordre chronologique, HVMC sera le premier à ouvrir le bal avec sa vente le dimanche 16 juillet, une sorte d’échauffement sur une semaine riche pour les enchères toutes spécialités confondues.
HVMC
La couverture du catalogue HVMC est la parfaite illustration de cette vente composée de montres anciennes, pendulettes et montres bracelets à grande complication. La pendulette Cartier avec répétition des minutes sous le lot 151 est un exemple à retenir dans le style. Estimée 20 000 à 30 000 euros, elle est également accompagnée de son écrin d’origine, ce qui est un point essentiel pour les collectionneurs. Mais le lot phare de cette vente comme chez Antiquorum est une montre bracelet contemporaine à grande complication, lot 205, Jaeger-LeCoultre Reverso produite en platine à 75 exemplaires seulement. Le côté recto propose un cadran avec indication des heures et minutes, aiguilles indiquant l’heure en 24h et un tourbillon sphérique tandis que du côté verso on peut apercevoir le mouvement squelette avec aiguille indiquant la réserve de marche sur 50h. Estimée entre 130 000 et 160 000 euros elle est complète avec tous ses accessoires d’origine. Un vrai test comme chez Antiquorum pour connaître aujourd’hui la tendance sur le marché des montres contemporaines en ventes aux enchères.
Boule Auction
Et pour terminer les sessions de ventes de montres à Monaco, nous retrouvons un habitué Boule Auction qui nous présente un catalogue assez intéressant avec des pièces rares comme ces deux pendulettes Cartier, lot 60 et 61, qui sont deux exemples rares de la période des années 1910, un seul bémol les numéros ne sont pas complets dans le catalogue, ce qui n’est pas dans les standards de la transparence pratiqué au niveau international par la plupart des maisons de ventes lors des ventes de Genève et ailleurs. Il n’en reste pas moins que l’œil de l’expert a sélectionné pour vous également dans cette vente une Rolex Cosmograph Daytona ref. 6264/6241 soit l’une des plus rares variantes, lot 278, un modèle de transition qui n’a été produit que pendant 2 ans. Ayant été achetée à l’époque à Paris pour la modique somme de 6 020 Francs Français en 1973, elle est estimée entre 100 000 et 150 000 euros. Mais le plus important étant la documentation qui l’accompagne avec la facture, la garantie et l’écrin d’origine. Une montre à surveiller !
Un petit clin d’œil dans cette vente du 18 juillet prochain chez Boule Auction avec ce lot de vide poches Patek Philippe, lots 88 à 100, devenues depuis quelques temps de vrais accessoires à collectionner. Ils sont produits chaque année par la célèbre manufacture genevoise, leur décor reprend souvent des objets ou thématiques que l’on retrouve dans le Patek Philippe Museum, il est rare de trouver la collection complète de 2004 à 2017. Avis aux amateurs de Patek Philippe et de vide poches en porcelaine de Limoges !
Enfin, pour conclure cet article estival avant le traditionnel break du mois d’aout, je tiens ici tout particulièrement à remercier toutes les maisons d’enchères qui fourmillent chaque mois de merveilles. La montre n’est pas seulement un objet de collection, elle est aussi une œuvre d’art à part entière et elle nous le démontre de plus en plus aux quatre coins du globe, y compris en passant par Monaco. Si Genève reste le pôle d’attraction et de référence pour tous les passionnés, il est important de bien mettre en lumière aussi les destinations « exotiques » à l’instar de Monaco ou Dubai, deux marchés similaires et avec un fort potentiel de croissance dans les années à venir.
Vive les collectionneurs !!! Vive les montres à Monaco !!! Longue vie aux enchères !!!
Geoffroy Ader