Les premières ventes horlogères de l’année inaugurent une année prometteuse.

 Pour L'oeil du marché

Comme chaque année, c’est la maison de vente française Artcurial qui a eu le privilège de donner le premier coup de marteau des ventes aux enchères d’horlogerie !

Les 16 et 18 janvier dernier, plus de 150 montres étaient mises aux enchères. Une sélection rigoureuse et pointue que les amateurs et les collectionneurs internationaux les plus exigeants ont su apprécier.

Avec un résultat de plus de 3,2 millions, cette première vente de l’année confirme le dynamisme du marché et l’intérêt grandissant pour le vintage, mais aussi et surtout elle préfigure un regain d’intérêt particulier pour les montres à complications et les pièces aux provenances prestigieuses.

Retour sur les 10 montres qui ont marqué les premières enchères de 2023.

LES MONTRES HISTORIQUES

Les montres intimement liées à des personnalités qui ont marqué leur époque attisent toujours une curiosité et un intérêt extrême. Parce que derrière l’objet, il y a un homme ou une institution qui fascine, ces montres, chargées d’histoire et d’émotion, donnèrent lieu à trois belles batailles d’enchères.

Breguet

1. Un Type 20 acheté par le Musée Breguet

Ce chronographe en acier fut vendu le 16 novembre 1955 au ministère de l’Air par Breguet (lot 234). Près de 70 ans après être sorti de la manufacture, c’est dans les collections du Musée Breguet que cette superbe pièce vintage sera désormais visible.

Vendu 47 232 €, soit plus du double de son estimation, ce résultat confirme que les musées et les départements Héritage des plus grandes marques sont toujours des acteurs très actifs sur le marché des pièces de collection.

Rolex

2. Une Rolex revendue par Chaumet au Roi Hassan II

120 000 €, c’est le prix enregistré par une Rolex Day-Date en or jaune avec un rarissime cadran en jaspe sanguin (lot 226) ! La particularité de cette montre, c’est qu’elle fut commandée auprès du joaillier Chaumet à Paris par le roi Hassan II, qui l’aurait offerte à son médecin en signe de gratitude et de reconnaissance.

C’est dans les années 1970, et avec le rachat de Breguet, que le joaillier français se passionne pour l’horlogerie. Rapidement, la boutique de la place Vendôme devient une adresse parisienne incontournable pour tous les amateurs d’horlogerie suisse, car Chaumet fut le détaillant officiel des plus belles manufactures : Rolex, Patek Philippe ou encore Audemars Piguet.

Il est exceptionnellement rare de trouver une pièce signée Rolex portant des numéros d’inventaires Chaumet. Cette montre, assortie d’une paire de boutons de manchette « Président » en or jaune signés Chaumet, était un collector que les connaisseurs ont reconnus.

Si le Roi Hassan II fut l’un des plus grands clients de la maison, il fut également l’un des grands amis de Pierre Chaumet. Hassan II apparait d’ailleurs dans les comptes et archives de la maison sous plusieurs pseudonymes. Les liens privilégiés entre la famille Chaumet avec les sultans du Maroc remonteraient au milieu du 19ème siècle. Grand amateur d’horlogerie, le roi Hassan II a constitué une collection impressionnante et fait l’acquisition de nombreuses pièces horlogères auprès du joaillier parisien durant son règne.

Vacheron Constantin

3. Commande Spéciale du Shah d’Iran à Vacheron Constantin

11 546 €, soit près de 12 fois son estimation, c’est le superbe prix qu’à atteint cette ravissante montre de présent signée Vacheron Constantin (lot 725) ! Manufacturée au début des années 1970, cette montre provient d’une commande spéciale faite par la famille royale d’Iran, probablement en vue de la célébration des 2 500 ans de l’Empire perse à Persépolis, qui était programmée en octobre 1971.

Particulièrement rares sur le marché, ces « coin watch » iraniennes suscitent toujours un grand intérêt lorsqu’elles réapparaissent aux enchères. Le prix record enregistré pour l’une de ces montres est de 50 000 €, un résultat obtenu à Genève il y a plusieurs années !

LES ÉDITIONS CONFIDENTIELLES

La rareté reste l’un des critères privilégié par les grands amateurs dans le monde de la collection. Les séries spéciales exclusivement réservées à une poignée d’happy few enregistrent toujours de très beaux résultats lorsqu’elles sont proposées au grand public en second marché.

Cartier

4. Une édition spéciale « 13 rue de la Paix »

85 280 €, c’est le prix qu’il fallait débourser pour s’offrir une édition très spéciale, éditée à l’occasion du 100ème anniversaire de la boutique historique de Cartier situé 13 rue de la Paix à Paris (lot 281).

Adresse emblématique de l’élégance à la Française inaugurée en 1899, le 13 rue de la Paix fut bien plus qu’un lieu de vente, ce fut aussi un espace de création magique lorsque dans les années 1930 Jeanne Toussaint y installa son bureau.

Le « 13 » reste la boutique des pièces uniques ou des commandes spéciales, celle qui propose les pièces les plus exceptionnelles et confidentielles.

Ce modèle « Tortue monopoussoir » en or blanc, fut exclusivement vendu au 13 rue de la Paix en 1999 et proposé seulement aux plus fidèles clients de la maison. Éditée à 13 exemplaires seulement, son cadran fait subtilement référence à l’adresse parisienne historique : le chiffre 13 remplaçant malicieusement le 12 !

À ce jour, seul 3 exemplaires sont réapparus sur le second marché (n° 4, 7 et 12), c’est donc un collector dont la valeur ne se dépréciera certainement jamais.

Tudor

5. Tudor, au service de sa majesté

Éditée uniquement à 300 exemplaires, cette Tudor Black Bay en acier fut produite spécialement pour les membres de la RaSP, La Royalty and Specialist Protection Unit. Cette unité d’élite, rattachée à la police britannique, regroupe les officiers qui assurent la protection de la famille royale et la sécurité des ministres du gouvernement, ainsi que celle des chefs d’États étrangers en visite officielle au Royaume-Uni.

Produite en 2022 pour commémorer le Jubilé de Platine de la Reine Elizabeth II, ce modèle fut consigné par un ex-membre de la RaSP qui fut durant 10 ans en charge de la protection personnelle des membres de la famille royale. Entré en service en 2008, il a voyagé avec la famille royale et a assuré sa sécurité au Royaume Uni et en Ecosse. La montre était d’ailleurs vendue avec une lettre du Chief Superintendent de la Metropolitain Police remerciant l’agent de protection pour le professionnalisme et le dévouement total dont il a fait preuve durant son service.

Ce modèle, en principe inaccessible au grand public, est particulièrement rare sur le marché. Parmi les 300 pièces manufacturées, cet exemplaire était la troisième montre proposée en vente aux enchères à l’échelle internationale, ce qui explique le prix de 39 312 € obtenu durant la vente (lot 207).

LES COMPLICATIONS ET GRANDES COMPLICATIONS

Ces dernières années, les modèles sportifs ont certainement été les montres les plus recherchées. Du Daytona à la Royal Oak, sans oublier la Nautilus, le marché s’est emballé pour ces montres qui ont révolutionné leur époque. Pourtant, ce début d’année signe le retour en force des collectionneurs vers les montres à complications et la Haute Horlogerie.

Patek Philippe

6. Ref. 3940, la montre préférée de Philippe Stern

Plus qu’une montre, la réf. 3940 est un symbole dans l’histoire de l’horlogerie moderne, celui de la renaissance d’une industrie après la crise du quartz. Oser un retour vers les grandes complications, réaffirmer son savoir-faire, aller à contre-courant des tendances, c’est le pari que fait en 1985 Patek Philippe avec ce calendrier perpétuel, une complication jusque-là réservée aux grands connaisseurs.

La ref. 3940 est l’un des modèles restés le plus longtemps en production dans toute l’histoire de la manufacture. Décliné en 3 séries, la dernière, produite entre 1995 et 2006, est la plus aboutie de toutes. Parmi toutes les pièces produites, les modèles en or rose restent peu répandus et représenteraient environ 20 % des pièces produites à partir de 1989. Vendue 49 140 €, cette version or rose de 2004 cochait toutes les cases du collector parfait (lot 297) !

Référence incontournable, c’est la montre préférés de Philippe Stern, celle qu’il porte quotidiennement, sans doute par fierté d’avoir été capable de se réinventer « quand, en Suisse, tout le monde jetait son outillage et ne parlait plus que de quartz ».

Patek Philippe

7. Ref. 3970, un chronographe mythique

Mixer les styles et associer l’élégance d’un calendrier perpétuel à la fonctionnalité d’un chronographe, c’est le coup de génie qu’ose Patek Philippe en 1940. Associer ces deux complications n’avait pourtant à l’origine rien d’intuitif, et c’était même un défi audacieux.

Il y eut d’abord la ref. 1518, puis la mythique 2499, et puis plus récemment la ref. 3970. Produite de 1986 à 2004, c’est le chronographe moderne de la marque par excellence. Si c’est une pièce d’horlogerie fascinante, c’est également une pièce à fort potentiel. Sa côte, particulièrement élevée depuis 10 ans, rend cette montre très attractive aux yeux des amateurs, qui y voient une pièce de collection à fort potentiel.

Le modèle proposé à la vente, issu de la 4ème génération (produite à partir de 1994), aurait été produit à 2.000 exemplaires seulement. Une série particulièrement limitée qui peut expliquer le superbe résultat obtenu durant la vente : 111 520 € (lot 246).

F.P. Journe

8. Tourbillon Souverain Ruthénium, l’exclusivité signée F. Journe

352 800 €, c’est le prix du génie technique et conceptuel de F. P. Journe pour une montre-bracelet moderne très compliquée qui fait honneur à la Haute Horlogerie !

Reconnu comme un créateur de montres d’exception, François-Paul Journe est devenu l’une des plus belles signatures de l’horlogerie contemporaine.

Récompensée par l’Aiguille d’Or au Grand Prix d’Horlogerie de Genève en 2004, et élue « montre de l’année » au Japon cette même année, le Tourbillon Souverain est un modèle particulièrement recherché par les amateurs.

Cette montre l’est encore plus, car elle est équipée d’une complication supplémentaire : le remontoir d’égalité. Issue d’une série très spéciale de 99 exemplaires en Ruthénium, un dérivé du platine, cette pièce représentait une occasion rare de faire l’acquisition d’un collector quasiment introuvable (lot 298).

Patek Philippe

9. Célestial, une montre astronomique exceptionnelle

Un garde-temps qui renoue avec la grande tradition des montres astronomiques qui ont marqué l’histoire de l’horlogerie dès le 12ème siècle, il fallait oser. Patek Philippe l’a fait en 2002 en lançant la Célestial, l’une des plus importantes complications horlogères jamais développées par la marque.

Témoignage d’un savoir-faire exceptionnel, cette montre permet d’admirer en temps réel le ciel nocturne de l’hémisphère nord avec le mouvement apparent des étoiles ainsi que la position de la lune et ses phases au cours du cycle lunaire.

Produit sous la réf. 5102 jusqu’en 2012, la Célestial est une montre de collection exceptionnellement rare. Plus rare encore dans sa version en or blanc, qui ne fut produite que jusqu’en 2008, il fallait compter 177 120 € pour se l’offrir (lot 283).

Patek Philippe

10. Ref. 5004, une grande complication qui a la côte !

Plus qu’une montre, la ref. 5004 est considérée comme l’une des plus belles prouesses techniques de l’horlogerie moderne. Premier chronographe équipé d’un calendrier perpétuel avec phases de lune et fonction rattrapante produit par Patek Philippe, c’est une grande complication qui a nécessité plusieurs années de développement.

Lancée en 1996, ce modèle n’aurait été produit qu’à 200 exemplaires seulement. Deux pièces exceptionnelles étaient présentées aux enchères ce mois-ci : l’une en or blanc vendue 301 760 € par la maison Artcurial (lot 280), l’autre en platine avec index diamants s’est envolée à 290 000 € chez Antiquorum (lot 69, vente du 19 janvier 2023).

Des résultats qui confirment le dynamisme du marché de la collection et l’engouement grandissant des amateurs et collectionneurs pour les montres exceptionnelles et les grandes complications.

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