LA GENÈSE Sous l’impulsion du Baron de Coubertin
« Nous jurons que nous nous présentons aux Jeux Olympiques en concurrents loyaux, respectueux des règlements qui les régissent et désireux d’y participer dans un esprit chevaleresque pour l’honneur de nos pays et la gloire du sport. »
Pierre de Coubertin
Cette citation du Baron Pierre de Coubertin (1863 – 1937) illustre à merveille toute la philosophie des Jeux Olympiques. Conjuguant esprit de patriotisme et dépassement de soi, cette compétition multidisciplinaire est un rendez-vous où le « Fair Play » occupe une place aussi grande que la performance. Nés en Grèce au 8ᵉ siècle avant JC, les Jeux Olympiques doivent leur nom à la plus haute montagne de Grèce, le mont Olympe, considéré dans la mythologie grecque comme le lieu de résidence des dieux. Les historiens s’accordent à dire que les derniers Jeux Olympiques antiques ont vraisemblablement eu lieu en 393.
1 500 ans plus tard, un homme va faire revivre cette grande tradition et inaugurer en 1896 les premiers Jeux Olympiques de l’ère moderne.
Le rénovateur des Jeux Olympiques
S’il ne mesurait que 1,62 m, Pierre de Coubertin fut l’un des géants du XXème siècle !
Né le 1ᵉʳ janvier 1863 dans le 7ᵉ arrondissement de Paris, il est resté dans l’histoire une personnalité indissociable du monde sportif. Homme de lettres, historien, humaniste et grand pédagogue, Pierre de Coubertin était avant tout un homme de conviction. Dès 1883, il multiplie les séjours en Angleterre où il s’initie à plusieurs disciplines : aviron, boxe, équitation ou escrime. Mais la spécialité dans laquelle il excelle, c’est le tir au pistolet ; il deviendra même plusieurs fois détenteur du titre de Champion de France ! De ses voyages en Angleterre, il observe que le sport est utilisé par toutes les plus grandes universités comme un vecteur d’éducation morale et sociale. Cette prise de conscience sera une véritable révélation. Convaincu que la puissance de l’Angleterre repose grandement sur son modèle éducatif, Pierre de Coubertin consacrera sa vie à introduire le sport dans le système éducatif français, et plus largement à rendre le sport plus populaire dans la société française.
En tant que membre de l’Association des Journalistes Parisiens, il signera plus de 1200 articles sur le sujet dans la presse française et internationale et écrira plus de 34 ouvrages sur le sport, sa pratique, ses techniques et ses bienfaits. Profondément convaincu que l’apprentissage de valeurs comme la solidarité, l’entraide ou le respect est essentiel, il soutiendra le mouvement de jeunesse des Scouts laïques. Il s’éteint en 1937 à Lausanne à l’âge de 74 ans.
Le manifeste des Jeux Olympiques
En 1892, Pierre de Coubertin rédige le manifeste des Jeux Olympiques. Dans ce texte fondateur, il partage sa vision pour faire renaître les Jeux olympiques de l’Antiquité sous la forme d’une compétition sportive moderne et internationale. Deux ans plus tard, en 1894, Pierre de Coubertin fonde officiellement le Comité International Olympique dont la mission est de bâtir un monde meilleur par le sport. Il en sera Président de 1896 à 1925, et y installe le siège, initialement basé à Paris, vers Lausanne en 1915, en raison de la guerre qui frappe la France. Pour expliquer son choix, il aura cette formule restée mythique : « « L’olympisme trouvera dans l’atmosphère indépendante et fière que l’on respire à Lausanne, le gage de liberté dont il a besoin pour progresser ».
C’est en 1913, que l’emblème des Jeux Olympiques est révélé pour la première fois : 5 anneaux entrelacés de couleur bleu, jaune, noir, vert et rouge, et encadrés par des feuilles de Laurier faisant subtilement référence à la Grèce antique. Choisissant la devise latine «Citius, Altius, Fortius» (Plus vite, plus haut, plus fort), Pierre de Coubertin inscrit définitivement les Jeux Olympiques dans la contemporanéité. Plusieurs archives et documents historiques sont aujourd’hui conservés au Musée du Comité International Olympique. La pièce maitresse de la collection est indiscutablement le fameux manuscrit de 1894, texte qui a inspiré le discours donné par Pierre de Coubertin le 25 novembre de la même année. Au-delà de sa qualité historique, ce manuscrit possède une histoire presque rocambolesque. Conservé par Pierre de Coubertin, le Manifeste des Jeux Olympiques sera égaré pendant plusieurs années. Il disparait subitement en 1937 après le décès du Baron, et resurgit plusieurs années plus tard dans une salle de vente aux enchères. La redécouverte de cet objet sensationnel fut possible grâce à l’acharnement d’un admirateur de Pierre de Coubertin : François d’Amat. Ce passionné d’histoire retrouva les 14 pages rédigées par le fondateur des Jeux Olympiques auprès d’un collectionneur suisse qui les gardait précieusement dans son coffre-fort.
Présenté en vente aux enchères à New-York par la maison Sotheby’s en 2019 (lot 173, 18 décembre 2019), l’ouvrage estimé entre 700 000$ et 1 000 000$ totalisa le prix record de 8,8 millions de dollars ! Ce résultat incroyable reste encore à ce jour l’une des plus belles performances réalisées par une maison de vente pour un objet lié à l’univers du sport. Acquis par le milliardaire Alicher Ousmanov, ce livre historique fut offert quelques mois plus tard au Comité International Olympique. L’homme d’affaires russe déclara à cette occasion : « Pierre de Coubertin avait la vision d’un monde uni par le sport et non divisé par les affrontements et les guerres. Je pense que le Musée olympique est l’endroit le plus approprié pour conserver ce manuscrit d’une valeur inestimable. »
1924-2024, la France célèbrera le centenaire des Jeux Olympiques de Chamonix
Il y a 100 ans, la France fut le pays organisateur des Jeux Olympiques. Si Paris accueille les Jeux d’été en 1924, la ville de Chamonix inaugura d’abord la première édition des Jeux Olympiques d’hiver du 25 janvier au 5 février. Certaines disciplines, comme le patinage artistique ou le hockey sur glace, avaient déjà été représentés aux JO, notamment à Anvers en 1920, mais en voulant pérenniser ces épreuves et en faire de vraies disciplines olympiques, le CIO (Comité International Olympique) se heurte aux réticences de quelques pays nordiques. La Scandinavie et la Finlande en particulier n’accueillent pas le projet avec un grand enthousiasme, car les Jeux Olympiques concurrencent directement les Jeux Nordiques. Lancés en 1901, les Jeux Nordiques sont la première compétition internationale rassemblant tous les sports d’hiver. Un compromis est trouvé entre les pays nordiques et le CIO : les Jeux Olympiques de Chamonix seront baptisés « Semaine internationale des sports d’hiver ». 6 sports sont représentés (hockey sur glace, patinage de vitesse, patinage artistique, curling, bobsleigh et ski), 16 pays représentés par 258 athlètes participent à ces premiers Jeux d’hiver. La délégation norvégienne brille durant les épreuves et obtient 17 médailles alors qu’elle ne comptait que 16 sportifs, du jamais vu aux JO ! Face au succès de cette « Semaine internationale des sports d’hiver », le CIO décide en 1925 de renouveler ce rendez-vous tous les 4 ans. Finalement, les épreuves organisées à Chamonix en janvier et février 1924 seront requalifiées comme les premiers Jeux Olympiques d’hiver.
La Saga du Temps Olympique
Incarnés par la devise « Plus vite, plus haut, plus fort », les Jeux Olympiques de l’ère moderne vont être l’occasion de nombreux défis pour l’industrie horlogère. « Plus vite » implique évidemment d’être capable de mesurer le temps avec une précision extrême. Constater l’exploit ou le record ne peut se faire qu’avec des instruments de mesure fiables et performants. Derrière l’histoire des Jeux Olympiques se trame un récit passionnant, celui du chronométrage olympique. Comprendre l’évolution et les progrès constants en chronométrage sportif depuis 1896, ne peut se faire qu’en parcourant la grande histoire des Jeux Olympiques Modernes, en revivant les temps forts et en se remémorant tous les grands athlètes qui ont fait hisser le sport à un niveau encore jamais atteint.
À suivre #1 Les Jeux Olympiques de Los Angeles en 1932