Ressence , le futur de la haute horlogerie ?
Fondée en 2011 à Anvers, Ressence s’est fait en quelques années une place de premier choix dans le paysage horloger international. Si à ses débuts, la marque fut souvent perçue comme un OVNI horloger, car complètement à contre-courant des codes de l’horlogerie traditionnelle, elle s’affirme désormais comme l’une des manufactures les plus audacieuses et visionnaires.
Ressence a su imposer son style futuriste et attirer une clientèle aimant la technologie. D’ailleurs, les montres Ressence se démarquent grâce à un affichage de l’heure innovant baptisé ROCS (Ressence Orbital Convex System). Au lieu d’utiliser des aiguilles pour afficher l’heure sur des échelles statiques comme presque toutes les montres-bracelets, la lecture de l’heure se fait par un système de disques imbriqués et perpétuellement en mouvement. Ainsi, le cadran évolue constamment et change d’apparence au fil des heures de la journée.
Benoît Mintiens, horloger visionnaire
Derrière Ressence, il y a une vision singulière, celle de Benoît Mintiens, un designer passionné de montres. Dès 1998, il entame sa carrière de designer à Anvers auprès de l’agence Enthoven Associates. Il dessine tout : des TGV pour la SNCF, des intérieurs d’avions pour Air France, des aspirateurs pour LG ou encore des poussettes pour Maxi-Cosi, on lui doit même la fameuse boîte de pastilles à la menthe Frisk ! C’est en 2010, en visitant l’incontournable salon horloger de Bâle que le désir de dessiner sa première montre germe.
“J’ai été tellement déçu par le manque de créativité
que j’ai décidé de commencer à concevoir moi-même des montres”
Benoît Mintiens se lance dans l’horlogerie avec une seule ambition : innover. Rapidement, ses réflexes de designer l’amènent à faire table rase de tout ce qui a été produit jusqu’alors, et de se détacher des grands principes de l’horlogerie. Pour cet entrepreneur, le défi est d’imaginer la montre du 21ᵉ siècle en conjuguant technologie et horlogerie.
Benoît Mintiens nomme sa marque Ressence – contraction de renaissance et essentiel – pour justement mettre en avant un axe de création déterminant : la fonctionnalité. Sa démarche de designer l’amène dès le début à supprimer certains éléments pourtant « essentiels » qui permettent à n’importe quelle montre de fonctionner. C’est notamment le cas de la couronne de remontoir, un choix que son créateur assume et défend : « Une couronne, c’est pour les ingénieurs, pas pour les designers. J’ai cependant gardé les aiguilles mécaniques, car elles créent de l’empathie. ».
Si Ressence s’affirme comme une marque de design, la manufacture possède surtout un véritable savoir-faire horloger. En 2016, Ressence entre dans le cercle très fermé des 64 marques de montres de luxe pouvant prétendre à l’appellation « Haute Horlogerie ». Aujourd’hui, la manufacture compte 6 modèles en collection, déclinés en séries spéciales, avec une gamme de prix qui s’étend de 18 000 à 55 000€.
L’invention de la couronne connectée
Une couronne connectée ? Personne n’y avait pensé, Ressence a osé l’imaginer ! Cette innovation fut lancée en 2019 avec la montre Type 2, une véritable révolution technologique. Première montre à se régler et à s’ajuster automatiquement à l’heure exacte, le modèle est équipé d’une innovation : la couronne eCrown®. Ce système, breveté par Ressence, surveille en permanence la position des aiguilles mécaniques et, lorsque l’heure n’est pas correcte, eCrown® actualise l’horaire affiché. En pratique, il faut comprendre que la couronne connectée est en réalité un module électronique dissimulé à l’intérieur de la montre et qui fonctionne grâce à l’énergie solaire. Conçu pour fonctionner avec de multiples fuseaux horaires, qu’il suffit au préalable de régler grâce au levier situé à l’arrière du boîtier ou à l’aide d’un smartphone en utilisant une connexion bluetooth, la Type 2 joue avec les codes de la fonction GMT.
Son propriétaire n’a qu’à tapoter sur le verre pour que la couronne se connecte et ajuste l’heure automatiquement. Présentée au Grand Prix d’Horlogerie de Genève en 2020 dans la catégorie « Mécanique d’Exception », cette montre, qui ne rentrait pourtant dans aucune case, a fait couler beaucoup d’encre tant elle est étonnante.
Mais eCrown® va encore plus loin. Capable de détecter lorsque la montre n’est pas portée, la couronne connectée arrête le barillet afin de prolonger l’autonomie de la montre le plus longtemps possible. La réserve de marche est ainsi optimisée, et la montre n’a plus besoin d’être systématiquement remontée. D’ailleurs, il est possible de laisser sa montre au coffre durant trois mois et au moindre mouvement, le système eCrown® se reconnecte immédiatement et réactive le mécanisme.
Accessible à partir de 48 000 CHF au moment de son lancement, ce modèle est aujourd’hui difficilement accessible en premier marché, et malheureusement à ce jour encore aucune montre n’a été présentée en vente aux enchères !
Une lisibilité redoutable
C’est avec un modèle encore plus innovant que Ressence obtient la consécration au Grand Prix d’Horlogerie de Genève en 2013 et remporte le prestigieux prix de la « Révélation Horlogère ». Cette récompense, qui célèbre chaque année la réalisation d’une jeune marque horlogère, va donner à Ressence une visibilité internationale. Pour obtenir ce prix, Benoît Mintiens, qui trois ans auparavant « était tout seul et ne connaissait personne », a pu compter sur le soutien du designer Philippe Stark membre du jury qui avait promis « de faire un esclandre » si Ressence ne gagnait pas avec un design aussi innovant.
La montre Type 3 défie les lois de la physique comme aucune montre jusqu’alors. Partant du constat que la réfraction de la lumière, lorsqu’elle passe d’une substance à une autre, peut fausser la perception selon l’angle de vue, Benoît Mintiens imagine un système permettant d’assurer une continuité visuelle et ainsi optimiser la lisibilité de la montre. L’idée est d’introduire un compartiment d’huile sous le verre saphir, 3,75 ml de liquide permettent ainsi de combler l’espace vide entre le verre et le cadran ainsi d’éviter les effets d’optiques désagréables.
Des montres à porter et à collectionner
Benoit Mintiens le revendique : « Les montres Ressence sont nées pour être portées. Nous voulons que les gens portent et aiment leur montre ». Si à première vue, les montres Ressence se veulent être des objets du quotidien et non pas des pièces de collection, il semble, d’après les résultats des ventes aux enchères, que les collectionneurs s’y intéressent de plus en plus !
C’est pourtant sur la pointe des pieds que Ressence s’introduit en salle des ventes dès 2014. La toute première montre vendue aux enchères enregistre un résultat de 6 250 USD à New-York ( Christie’s, vente du 9 décembre 2014, lot 12). Désormais, la marque enregistre des résultats au moins 5 fois plus importants.
L’un des modèles les plus représentés en vente aux enchères est le mythique Type 3, montre emblématique qui a révélé la marque au grand public. Le 20 avril 2022 la maison Christie’s enregistre un résultat de 32 700€ (277 299 HK$) pour un modèle Type 3 produit en 2021 et 6 mois plus tard, le 6 novembre 2022, Phillips obtient un résultat de près de 38 000€ pour une série limitée Type 3, éditée seulement à 50 exemplaires.
Ressence X Hodinkee
L’une des montres les plus médiatisées parmi les modèles vendus aux enchères est le modèle « Type 1 Slim HOD », une série limitée à 20 pièces seulement réalisée en 2021 en collaboration avec Hodinkee, le blogger horloger le plus influent du monde. Vendue par Phillips le 28 mai 2022 à Hong Kong pour la somme de 29 000 € (lot 1118), cette montre en titane, avec cadran entièrement squeletté, était en réalité la seconde collaboration entre Ressence et Hodinkee. En 2017, le média américain devient officiellement revendeur agréé pour la marque belge et lance à cette occasion une première édition de 20 montres collector.
Ressence X Sotheby’s
48 500 € ! C’est le prix obtenu pour cette pièce unique en titane réalisée spécialement dans le cadre du concours #WatchesAgainstCovid19 imaginé par Benoît Mintiens en collaboration avec Sotheby’s. En 2020, le designer belge lance un défi à tous les amoureux du modèle Type 1 Slim : exprimer sa créativité et réinterprété cette montre au crayon de couleur. Parmi les 466 participants, c’est la proposition de Raymond Ramsden, un architecte et décorateur d’intérieur anglais, qui fut retenue. La montre fut vendue le 11 juillet 2020 à Hong Kong (lot 2267).
Ressence X Laurent Piccioto
Laurent Picciotto, acteur incontournable de l’horlogerie en France fut l’un des premiers à croire au succès de Ressence. Fondateur de Chronopassion, il devient le premier revendeur officiel de la marque, d’ailleurs Chronopassion est encore aujourd’hui l’un des rares distributeurs agréés en France. Le 30 mai 2017, Phillips vend aux enchères à Hong Kong, pour la somme de 11 000€, une montre Type 1 particulièrement intéressante car l’une des premières produites par la marque en 2012, mais qui provient surtout de la collection personnelle de Laurent Picciotto (lot 1020).
Les prototypes Ressence
Si la marque est représentée régulièrement depuis 2014, par les plus grandes maisons de ventes aux enchères internationales, certaines montres excitent particulièrement l’intérêt des collectionneurs visionnaires : les prototypes.
Le 11 juin dernier, Phillips a vendu pour plus de 16 000 € un prototype « Type 1004 » réalisé en 2012 dans le cadre du développement d’une série spéciale baptisée SeriesOne et limitée à 150 exemplaires lot38.
Le 16 juillet prochain, la maison de vente Artcurial présentera à Monaco un prototype du modèle Type 5 numéroté 004/004 (lot 304). Lancée en 2015, ce modèle, développé spécialement pour une utilisation sous l’eau, s’inscrit dans la lignée du Type 3 avec affichage de l’heure optimisé grâce à un compartiment d’huile intégré sous le verre saphir. Conservé jusqu’alors par l’ancien directeur de la marque, ce prototype sera présenté pour la première fois aux enchères.
Il est intéressant de noter que cette montre est gravée sur le boîtier « Type 2 » , une mention qui correspond au « nom de code » de la montre utilisé par les équipes de la marque jusqu’au lancement officiel en décembre 2015. Les prototypes « Type 2 » n° 001/004 et 002/004 sont aujourd’hui conservés dans les collections de la marque, le n° 003/004 fut détruit lors des tests ISO de plongée. Le prototype n° 004/004 est donc la seule pièce « accessible » et représente une opportunité unique pour tout amateur d’horlogerie et de technologie de faire l’acquisition d’une des montres les plus innovantes du 21e siècle.
Au-delà de la vision futuriste qu’expriment les montres Ressence, le talent de cette jeune manufacture est d’avoir réussi – en quelques années seulement – à se faire représenter par les revendeurs les plus influents, à s’introduire dans les plus belles salles de ventes et à obtenir les récompenses les plus prestigieuses ! Des signes prometteurs qui annoncent à cette marque atypique un bel avenir dans la sphère horlogère.