Paris, Hong-Kong, New-York, Genève ou Monaco… Cette année, les ventes horlogères ont enregistré de nouveaux records et des prix parfois surprenants ! Un marché ultra dynamique qui confirme la place de premier choix qu’occupe l’horlogerie ancienne et contemporaine dans le monde des objets de collection.
Parmi les milliers d’objets présentés en vente cette année, retour sur 10 pièces horlogères qui ont marqué l’année 2022.
1. Patek Philippe, ref. 2499
7.273.260 €
Patek Philippe a encore une fois marqué l’année 2022. Après le record historique enregistré en 2021 pour sa réédition de la Nautilus en collaboration avec Tiffany & Co, c’est un modèle né en 1950 qui a enflammé les enchères chez Sotheby’s le 25 avril à Honk Kong : une ref. 2499 portant la double signature du mythique revendeur italien Gobbi à Milan.
Produite de 1950 à 1985, la réf. 2499 est un modèle incontournable dans les collections Patek Philippe, puisque c’est le deuxième chronographe avec calendrier perpétuel et phases de la lune produit par la manufacture.
Cette montre, présentée aux enchères lors de la vente « The Nevadian Collector » (lot 2018, 25 avril 2022), provenait de l’incroyable collection constituée par par un amateur de Patek Philippe durant 30 ans. On estime que la ref. 2499 aurait été produite uniquement à 349 exemplaires. Considérée comme l’une des montres les plus rares, sa côte n’a cessé de croître depuis 15 ans.
Vendu plus de 7 millions d’euros, c’est la montre la plus chère vendue en 2022.
2. La Rolex du dernier plongeur de la Comex
156 000 €
Au mois de janvier, c’est Artcurial, première maison de ventes française qui ouvre les enchères 2022 en proposant à Monaco une montre Rolex très spéciale : « The last one », la montre du dernier plongeur de la Comex (Compagnie Maritime d’Expertise de Marseille).
Très prisées par les collectionneurs, les montres livrées à la Comex sont des pièces rares souvent chargées d’histoires fortes et d’émotions. Dans les années 1970, Rolex signe un partenariat avec la société marseillaise spécialisée en travaux sous-marins. Dès lors, des montres de plongée Rolex au cadran siglé Comex équine ses plongeurs d’élite du monde.
Depuis quelques années, déjà, Artcurial enregistre les meilleurs résultats sur ces Rolex « made in Marseille ». La maison française a fait des montres de la Comex l’une de ses spécialités phares et détient notamment un record du monde pour une réf. 5514 vendu 318 000 € en 2021.
« The last one » fut vendue 156 000 €, un prix record pour une Submariner ref. 16610 produite en 2003 qui s’explique par la vente de la branche marine de la Comex en 2020. En se séparant de cette entité, la Comex de Marseille ne compte désormais plus aucun plongeur dans ses effectifs et tourne ainsi une page décisive de son histoire. La Compagnie Maritime d’Expertise de Marseille s’est construit une renommée internationale dès les années 1960 et les montres de dotation Rolex qui équipaient ses plongeurs sont devenus au fil du temps de véritable collectons pour tous les amateurs de tool Watch.
Le dernier plongeur de la Comex fut embauché en 2008 alors qu’il n’avait que 20 ans, sa montre lui fut offerte personnellement par Henri-Germain Delauze, le fondateur de la Comex. Cette montre représente la fin d’une histoire légendaire : la collaboration inégalable entre Rolex et la Comex.
3. La Royal Oak personnelle de Gerald Genta
2 100 000 €
2022 restera l’année du 50ème anniversaire de la Royal Oak. Ce modèle mythique signé Audemars Piguet fut célébré par toute la planète horlogerie. Parmi les pièces les plus impressionnantes qui furent présentées en vente aux enchères cette année, c’est la maison de vente Sotheby’s qui a créé l’événement en proposant à la vente la montre personnelle de Gérald Genta : la Royal Oak du créateur de la Royal Oak. Gerald Genta, dessinateur de ce bijou horloger qu’il considérait comme son chef d’œuvre, possédait lui-même un modèle en acier avec lunette en or jaune, ref. 5402. Cette montre fut vendue le 10 mai 2022 sous le n° 72 pour plus de 2.1 millions d’euros.
Achetée le 15 mai 1978 par Gerald Genta, cette montre était unique car Genta l’avait lui-même « customisée » en remplaçant la lunette en acier par une lunette en or qu’il avait lui-même réalisé dans son atelier.
Cette montre aurait été achetée par le musée Audemars Piguet.
4. Automates à oiseau chanteur, attribué aux Frères Rochat
330 000 €
Cette année, c’est la maison française Aguttes qui a fait vibrer les collectionneurs d’horlogerie ancienne. Présentant une collection exceptionnelle à laquelle elle dédia une vente spéciale « Une histoire du temps, ancienne collection B. » , Aguttes donna rendez-vous aux collectionneurs du monde entier le 28 septembre 2022 à Neuilly sur Seine. Parmi la centaine de pièces proposée à la vente, la plus spectaculaire est une montre montée dans une tabatière en or émaillée à oiseau chanteur exécutée par les frères Rochat au 19ème siècle.
Impressionnant par son état de conservation, cet objet n’était pas réapparu sur le marché depuis 1954. Vendue une première fois au Caire par la maison Sotheby’s lors de la dispersion de la gigantesque collection du Roi Farouk « The Palace Collections of Egypt», l’une des ventes aux enchères les plus marquantes du 20ème siècle, c’est lors de cet événement que son propriétaire, un grand connaisseur français, en avait fait l’acquisition.
Vendu plus de 330 000 €, cet automate à oiseau chanteur a déchaîné les passions en salle de vente. Attribué aux frères Rochat, et produite vers 1815, cette pièce de collection était l’un des exemples les plus aboutit et les plus recherchés pour la période.
5. La montre de Henri Verneuil
39 360 €
Parce qu’elle a été conçue par un génie de l’horlogerie ou parce qu’elle a appartenu à un homme de talent, une montre peut marquer l’histoire de l’horlogerie pour toujours.
L’une des montres qui a fait vibrer les collectionneurs cette année réunissait ces deux caractéristiques. Il s’agit d’un quantième perpétuel avec phases de la lune et répétition minutes signé Gerald Genta et ayant appartenu au réalisateur français mondialement reconnu : Henri Verneuil. Cette montre est extraordinaire par sa provenance, mais aussi et surtout par l’histoire d’amitié qu’elle raconte.
Provenant directement des héritiers du cinéaste français, ce garde-temps témoigne des liens forts qu’entretenaient Henri Verneuil et Gerald Genta.
C’est en 1973 que Verneuil découvre les talents de designer de Genta avec la Royal Oak. Rapidement, les deux hommes se rencontrent et Henri Verneuil se passionne pour la production de Genta, qu’il soutient en lui achetant plusieurs pièces lorsque celui-ci fonde sa propre marque.
La montre vendue près de 40 000 € par Artcurial en juillet 2022, était la pièce fétiche de Verneuil, celle qu’il portait toujours pour « les grandes occasions ». C’est notamment cette montre que l’on peut apercevoir à son poignet lorsqu’il remporte en 1996 le césar d’honneur pour l’ensemble de son œuvre cinématographique.
6. Rolex « Jack of diamonds »
1.620.000€
Rolex s’affirme encore cette année comme la marque la plus forte du marché, et reste largement représentée en vente aux enchères. Parmi la profusion de modèles vendus en 2022, 2 Rolex ont marqué l’année.
La première est un Daytona en or jaune, ref. 6269, dite « «Jack of diamonds » vendue par Christie’s le 9 mai à Genève. Cette référence 6239 est extrêmement rare, car peu d’exemplaires furent manufacturés par Rolex.
Entièrement pavé de diamants et de saphirs, ce chronographe en or est très rarement visible en vente aux enchères et particulièrement intéressante, car elle compte parmi les 2 seuls modèles répertoriés avec la mention “Sté*R” signifiant « Société Rolex ». Marqué d’un poinçon de garantie française, ce modèle fut livré au marché français, probablement à Paris. Cette spécificité a valu à cette montre le surnom de ” Le Hibou Grand-Duc ” ou ” The Owl Grand Duke « donné par les grands connaisseurs.
La référence 6269 est très peu connue du grand public, car il s’agit d’un modèle exclusivement distribué à quelques très prestigieux clients de la marque.
Si au début des années 1980, le Daytona serti de diamants est un « non-sens », au fil des années la marque enregistre quelques demandes, certes très rares, mais provenants de clients importants pour des modèles serties.
Face à cette demande exceptionnelle, mais significative, Rolex imagine au milieu des années 1980 un modèle excessivement extravagant : la ref. 6269, une montre sportive aux allures de pièces joaillières. Produit en quantité très limitée, le modèle ne sera distribué que jusqu’en 1987.
7. Richard Mille
281 000 €, le record d’enchère sur drouot.com
Richard Mille est l’une des marques les plus fortes du marché actuellement. La demande et les prix obtenus aux enchères n’ont pas cessé de croître cette année.
Le résultat le plus fort obtenu aux enchères cette année est enregistré par Christie’s pour un modèle RM56-01tourbillon squelette en cristal saphir et titane. Cette pièce, produite en édition ultra limitée, fut vendue près de 3 700 000 € (lot 2096, vente « Legendary & Unique Auction » 6 novembre 2022 à Genève).
Mais la pièce Richard Mille qui a marqué les enchères en France cette année, c’est le modèle RM 35-01 RAFA vendu le 2 février 2022 (lot 110) par l’état français, la montre avait été saisie par l’Agrasc. Estimée 40 000 €, cette pièce de collection exceptionnelle fut adjugée 281 000 €, ce qui en fait la montre la plus chère jamais vendu sur le site drouot.com.
8. Audemars Piguet, Pièce unique de 1927
170 000 €
Une pièce unique produite en 1927 sur commande par Audemars Piguet et conservée depuis dans la même famille, c’est certainement l’une des pièces d’entre deux guerres les plus sensationnelles qu’on pu redécouvrir les amateurs de montres à complications en 2022. Ce calendrier complet avec phase de la Lune en platine fut livré par la manufacture suisse à la maison Egouvillon Lafont & Cie pour Van Cleef & Arpels. C’est auprès du joaillier parisien que le premier propriétaire aurait acquis cette montre, Audemars Piguet n’ayant pas de boutique à Paris à l’époque.
Présentée pour la première fois sur le marché par la maison Artcurial (lot 139, vente du 18 juillet 2022), cette pièce de qualité muséale fut vendue plus de 170 000 €.
9. Rolex « Crazy Doc »
1 745 000 €
L’autre Rolex immanquable, cette année, est la fameuse « Crazy Doc » vendue 1 745 000 € par Philipps le 7 mai à Genève sous le n° 116. Ce Daytona en or jaune ref. 6269 possède une échelle pulsomètre particulièrement inhabituelle, ce qui fait de cette montre une pièce probablement unique.
Déjà connue du grand public et des collectionneurs les plus aguerris, ce Daytona était, en effet, présenté pour la 3ème fois de son histoire en vente aux enchères. En 2003, c’est la maison de vente Christie’s qui introduit cette montre pour la première fois sur le marché (lot 175, vente du 5 juin 2003).
Provenant à l’époque directement de la collection personnelle du guitariste Eric Clapton, cette pièce de collection remarquable avait été vendue à New-York près de 42 000 $. En presque 20 ans, la valeur de cette montre a été multiplié par 40, ce qui témoigne du dynamisme du marché durant les 2 dernières décennies.
À l’origine, les montres avec cadran à pulsations étaient utilisées par les médecins ou le personnel médical. L’échelle pulsomètre ou pulsométrique est destinée à mesurer les battements cardiaques par minute. Dès 1930, elle apparaît sur certains chronographes Rolex. Pour utiliser l’échelle du pulsomètre, le médecin mettait en marche la fonction chronographe et l’arrêtait en fonction du nombre de battements de cœur comptés comme indiqué sur l’échelle, dans cet exemple particulier 15 (d’où la base 15 pulsations). L’aiguille du chronographe arrêtée indiquerait le nombre exact de battements de cœur par minute sur l’échelle du pulsomètre, sans prendre la minute entière.
Cartier « Cheich »
1 003 000 €
La « Cheich », c’est la montre Cartier qui aura marqué les enchères 2022. Vendu par la maison Sotheby’s le 30 septembre (le lot 1 vente online du 16 au 30 septembre), ce modèle historique à enregistré un résultat de plus de 5 fois son estimation ! Cette pièce unique est insolite, car elle fait voyager la maison Cartier là où on s’y attend le moins, sur les routes du Paris-Dakar. Cartier s’engage dans cette course mythique en 1978 en fondant le « Défi Cartier », challenge qui consiste à remporter deux fois de suite le rallye…Et dans la même catégorie ! Le vainqueur se verra remettre une montre Cartier imaginée spécialement pour le défi, un modèle en or jaune au design audacieux.
Gaston Rahier sera le seul vainqueur du « Défi Cartier”, ainsi une seule montre fut produite. C’est cette pièce unique qui fut présentée aux enchères et adjugée en ligne ! La montre était restée depuis 40 ans intacte, conservée depuis le décès du pilote en 2003 dans la famille du triple champion du monde de moto-cross.
