3 montres de qualité muséale aux enchères à Toulouse
Le 14 mars prochain, la maison Primardéco dispersera à Toulouse la collection personnelle d’Edgar Bensoussan, pilote, résistant français et lieutenant de la Royal Air Force.
Né à Oran en 1919, Elie Edgard Bensoussan, dit « Loulou », entre dans la résistance en 1943 en s’engageant volontairement dans les forces aériennes françaises libres. S’il poursuivra après la guerre sa carrière auprès de la Royal Air Force, l’aviateur restera inspiré à jamais par l’esprit d’aventure qui animait les pionniers de l’aviation, de Mermoz à Saint-Exupéry. Se passionnant pour les grands exploits des années 1930, il collectionna tous les objets reliés aux héros de l’aviation. Affiches, photographies d’époque, archives personnelles, médailles ou décorations, sa collection rassemble plus d’une centaine de pièces choisies avec soin et exigence. Dispersée prochainement sous le marteau du commissaire-priseur Jérôme de Colonges, cette vente mettra à l’honneur 3 montres rares signées Boucheron, Omega et Longines.
LONGINES
Montre commémorative ayant appartenue à l’aviateur français Dieudonné Costes
Célèbre pour avoir effectué le premier vol Paris-New York sans escale avec Maurice Bellonte en 1930, Dieudonné Costes est l’une des figures emblématiques de l’aviation française. Parvenu à relier l’Europe aux USA en 37 heures et 14 minutes, le pilote se verra offrir cette montre en or 14k par la ville de Philadelphie pour marquer cette performance inédite. Accompagnée de son écrin d’époque signé « S. Kind & Sons », mythique revendeur horloger installé à Philadelphie depuis 1872, cette montre est une pièce Art Déco émouvante. Habillée d’un très sobre cadran à écriture tricolore, subtile référence aux couleurs des drapeaux français et américain, cette pièce est équipée du calibre 17.89 et fut facturée le 25 septembre 1929 à la maison A.Wittnauer Co., alors agent Longines pour les USA. L’estimation de 2000 à 3000€ incitera tout grand passionné à se lancer dans la compétition des enchères.
OMEGA
Montre historique offerte à l’aviateur français Maurice Bellonte
C’est en 1923, sur la ligne Paris-Londres, que Maurice Bellonte rencontre Dieudonné Costes. Après une première tentative ratée en 1929, ils parviennent ensemble à réaliser ce qu’aucun pilote n’avait réussi auparavant : la traversée de l’Atlantique nord sans escale. La presse internationale s’empare de leur exploit et diffuse le portrait de ces aventuriers des airs à la une. Le quotidien français Le Matin, qui compte parmi les 4 plus grands quotidiens français d’avant-guerre avec Le Petit Journal, Le Parisien et le Journal, offrit cette montre signée Omega à Bellonte pour le féliciter pour cet exploit. Relayant systématiquement toute l’actualité de l’aviation dès le début du 20ᵉ siècle, le journal Le Matin n’hésite pas dès les années 1920 à récompenser les aviateurs par des prix et des cadeaux. Ainsi, en 1923, Le Journal décerna même à l’aviateur Georges Barbot la somme de 25 000 francs pour sa double traversée de la Manche. À une époque où l’aviation civile et commerciale existe à peine, la foule s’empresse d’acheter la presse pour suivre les aventures et les exploits des pilotes les plus intrépides. Cet engouement qui profite aux grands patrons de presse n’échappera pas aux dirigeants du Matin. Employant près de 150 journalistes à l’époque et connu pour avoir accueilli la plume de Jules Vallès, Colette ou encore du grand reporter Albert Londres, Le Matin est un journal mythique. Cette montre en platine, estimée 1 500 à 2 500 €, témoigne du lien particulier qu’a entretenu — et que conserve encore ! — Le monde de l’aviation et la presse française.
BOUCHERON « Point d’interrogation »
Commande spéciale de la Ville de Paris offerte au pilote Dieudonné Costes
Cette montre réalisée par Boucheron est sans aucun doute le témoignage le plus émouvant de cette collection. Cette pièce rare, dont le nom « Point d’interrogation » fait référence d’une part au premier collier sans fermoir imaginé par Frédéric Boucheron en 1879, mais également à l’avion Breguet dans lequel Dieudonné Costes et Maurice Bellonte effectuent le vol historique Paris-New York de 1930. Parce qu’un point d’interrogation aurait été apposé par les mécaniciens de l’usine Breguet en 1929, afin de garder secrète sa future destination, l’avion qui érigea Costes et Bellonte en héros, décolla du Bourget lundi 1ᵉʳ septembre 1930 est aujourd’hui exposé au Musée de l’Air et de l’Espace. La ville de Paris, pour honorer les 2 aviateurs, commande au joaillier Boucheron 2 montres identiques en or blanc dont le dos en émail bicolore est délicatement décoré d’un « point d’interrogation » serti de diamants. Ce motif raffiné, à la fois symbole de la maison Boucheron et emblème de l’un des plus grands exploits de l’aviation, fait de cette montre une pièce de collection exceptionnelle qui conjugue arts joailliers, horlogerie et histoire. Cette montre redécouverte par hasard à Toulouse, berceau de l’aéronautique où l’ingénieur toulousain Clément Ader fit décoller en 1890 le tout premier engin motorisé plus lourd que l’air, est sans aucun doute la pièce la plus fantastique de cette vente. À noter que le 1ᵉʳ décembre 2016, la maison de ventes Tessier & Sarrou et Associés dispersait à Drouot la succession de Maurice Bellonte et vendait aux enchères l’autre exemplaire exécuté par Boucheron sur commande de la ville de Paris. Dans le catalogue de la vente, une mention à notre montre, l’exemplaire offert à Dieudonné Costes, précisait qu’il fut vendu pour 20 000 francs, à Drouot, le 10 février 1992 par Maître Leblanc, sous le numéro 87. Représentée le 14 mars prochain avec une estimation de 8000 à 12 000€, cette pièce historique sera cette fois-ci accompagnée d’un certificat d’authenticité délivré par le département patrimoine de la maison Boucheron.